Malgré des efforts toujours plus grands et de plus en plus sérieux (stratégie nationale), le climat des affaires reste en Tunisie un peu morose et nécessite une mobilisation accrue visant sa nette amélioration, et ce, afin de booster l’investissement privé direct, surtout celui venant de l’étranger.
En effet, et selon les résultats de la 22e enquête sur le climat des affaires effectuée en 2022 par l’Institut tunisien de la compétitivité de l’économie quantitative (Itceq), l’indice de perception du climat des affaires (Ipca) a encore régressé «en 2022 avec une baisse de 3,4 points par rapport à 2020, et ce, à la suite du repli enregistré en 2019 après une nette amélioration en 2018». Une baisse qui, toujours selon ladite enquête, a touché 10 indicateurs sur les 12 qui constituent le corpus de l’enquête.
Et c’est pour la seconde fois consécutive depuis 2007 (établissement de l’enquête) que l’indice se situe au-dessus de 50/100 avec un score de 45,2/100, note le rapport de l’enquête en qualifiant le climat de morose. Idem pour les calculs effectués par la Banque mondiale et publiés dans le rapport «Doing Business», qui mesure la facilité de faire des affaires dans 190 pays, et pour l’indice de la compétitivité mondiale de l’IMD, qui mesure la compétitivité des entreprises dans 63 pays.
Aucun espoir de reprise économique ne peut devenir possible sans cette amélioration, sachant que la Banque mondiale vient de réviser à la baisse ses prévisions pour la croissance en Tunisie, situant le taux estimé, autour de 1.8 (le taux prévu était de 2,3), ce qui ne permet pas une honorable sortie de crise, surtout en ce qui concerne l’emploi.
Point positif, dans tout cela, l’amélioration notable, au cours de la présente année, de nos exportations des phosphates et leur accès à de nouveaux marchés. Ventes qui ont grimpé pour atteindre le niveau de 2012, ce qui est un bond spectaculaire en avant, y compris en termes d’image, ce qui est très important pour l’appréciation du climat général des affaires.
Parmi les facteurs ayant contribué à cette morosité, citons, la crise politique et sociale (y compris celle ayant touché l’école), les dettes publiques, une politique financière et monétaire floue, une importante pression fiscale sur les entreprises économiques, la corruption, une faible croissance, une législation très compliquée.
Citons aussi l’existence d’une administration lente, peu moderne, manquant d’harmonie et de souplesse et voulant tout contrôler, un système judiciaire pas assez performant, une infrastructure sous-développée et mal entretenue, faible compétence des ressources humaines, facteurs de production très chers, etc.
Pour illustrer cela, nous évoquerons une discussion ayant eu lieu, il y a plus de 20 ans, à Tunis avec un grand homme d’affaires émirati. J’étais à l’époque secrétaire général de l’Association de fraternité tuniso-émiratie que présidait notre ancien ambassadeur à Abu Dhabi feu Mohsen Frini.
Ledit businessman nous avait brossé un tableau à propos des freins de notre pays à l’investissement étranger et avait mis l’accent sur deux points, une administration obsolète et omniprésente et un système judiciaire extrêmement lent, coûteux et pas toujours efficace.
Toujours à la même époque et en notre qualité officielle d’ami du peuple coréen, nous avons eu une discussion avec une importante personnalité qui a déploré, entre plusieurs défaillances de la part des Tunisiens, le manque de ponctualité et de respect des délais et aussi de discipline et de rigueur, sauf pour une infime minorité des Tunisiens rencontrés. Des facteurs négatifs inhérents à notre mentalité qui sévit encore chez nous et qui se manifeste très tôt dans chaque Tunisien.
Tout cela a pour effet direct et systématique d’entraver l’investissement privé, l’un des plus importants moteurs de la croissance. Une mobilisation générale des parties les plus concernées doit donc voir le jour et tout citoyen doit devenir conscient de ce défi et faire tout son possible pour aider à le relever.
Mobilisation qui doit démarrer le plus rapidement possible, surtout que le climat mondial est très stressé depuis la guerre en Ukraine. Il le sera encore plus avec la violence de plus en plus exacerbée et démesurée qui accompagne la réaction de l’armée de l’entité sioniste, aux opérations légitimes de la résistance palestinienne à partir de Gaza, en Palestine, région qui subit depuis plus de 20 ans un blocus imposé par l’ennemi sioniste et qui s’élève au rang de génocide.
Cela sans oublier les effets de la sécheresse, et ceux des catastrophes naturelles et technologiques qui se multiplient un peu partout dans le monde. Que Dieu nous en préserve.